beandeau>
Peut-on encore faire lire à l'université ? : L'arpentage comme réponse pédagogique à l'usage des intelligences artificielles génératives
Pablo Aubert-Lacombe  1, 2, 3@  
1 : École normale supérieure - Paris
Université Paris sciences et lettres
2 : Centre Maurice Halbwachs
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement, Département de Sciences sociales ENS-PSL
3 : Paris School of Economics
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, École normale supérieure - Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement

Les intelligences artificielles génératives peuvent résumer en quelques instants un texte scientifique et réduire considérablement les efforts des étudiants pour se familiariser à ce matériel indispensable de la recherche. C'est notamment le cas pour les étudiants marqués par une insertion fragile dans les études supérieures et contraints par la nécessité de concilier un emploi salarié avec leur formation universitaire. Dans ce contexte, comment maintenir un apprentissage des savoir-faire universitaires par la lecture critique ? Pour offrir des pistes de solution aux bouleversements que connait l'enseignement supérieur, cette contribution entreprend une réflexion autour du recours à l'arpentage pour renouveler les interactions pédagogiques entre les enseignants-chercheurs et les étudiants. Ce projet repose sur l'hypothèse que le recours aux intelligences artificielles génératives est – dans une mesure probablement modérée, mais significative – une réponse à un sentiment d'illégitimité éprouvé par les étudiants, lié à la fois à leur représentation de leur capacité à juger un texte scientifique et à la charge importante de travail personnel qu'ils doivent supporter. Pour examiner l'intérêt de recourir à l'arpentage pour revaloriser les rapports socioaffectifs des étudiants à la lecture, cette analyse croise des notes ethnographiques et les réponses d'une centaine d'étudiants de première année de licence à un questionnaire autoadministré. La collecte de ces données fait suite à l'expérimentation de vingt-quatre sessions d'arpentage durant des séances de travaux dirigés dont la structure est détaillée dans le texte. On trouvera parmi ces éléments les codes librement accessibles d'une application ad hoc développée pour faciliter le déroulement des séances. Les résultats de l'enquête mettent en avant l'intérêt de l'arpentage pour renforcer le sentiment de légitimité des étudiants au moment de juger des textes scientifiques. Toutefois, cette étude démontre également que les intelligences artificielles génératives ne peuvent pas simplement être écartées des stratégies pédagogiques. Elles doivent être pleinement intégrées dans la relation d'apprentissage, y compris lorsque l'on a recours à des méthodes aussi participatives que l'arpentage.


Chargement... Chargement...